Rosi Sexton (combattante britannique de très haut niveau) a publié voici deux ans sur son blog un article concernant l’entraînement des femmes en MMA. Elle dévoile une partie du processus qui mène une femme à la compétition en MMA et contredit certaines idées reçues concernant le bénéfice d’un entraînement exclusif des combattantes avec des hommes. Riddum.com vous en propose une traduction :
« Les gens me demandent parfois si c’est mieux pour une combattante de MMA de s’entraîner avec d’autres femmes, ou de s’entraîner majoritairement avec des hommes. L’on avance parfois – c’est souvent le fait de femmes qui s’entraînent principalement avec des hommes – que s’entraîner avec des hommes rend plus fort, et plus apte à dominer lors d’une compétition contre d’autres femmes. Il y a indubitablement une part de vérité là-dedans, et je pense qu’avoir de bons partenaires d’entraînement masculins est important, d’autant plus que la profondeur des divisions féminines à haut niveau est assez faible, et qu’il peut s’avérer difficile de trouver les opportunités pour s’entraîner avec d’autres femmes d’un haut niveau de compétences. Mais en même temps, cela peut être trompeur.
Au fil des ans, j’ai observé une tendance. Une femme compétente et dévouée au sport, qui s’entraîne dans un club majoritairement masculin, surprend souvent ses partenaires d’entraînement mâles par sa force et sa technique. Très rapidement, elle s’entend dire des choses telles que « tu es très forte pour une femme » et finalement « tu feras un massacre dans ta catégorie de poids ». Ses entraîneurs, impressionnés par une femme qui en fait baver aux hommes, la convainquent (et le reste de la communauté du MMA) qu’elle sera le futur grand nom en MMA féminin. « Aucune femme ne peut être aussi forte que les gars avec lesquels tu t’entraînes ».
Beaucoup d’entre nous ont été dans cette situation à un moment ou à un autre, et c’est séduisant. Le problème, c’est que c’est tout simplement faux.
J’ai senti de la force chez pratiquement toutes les femmes que j’ai combattues. Je me suis entraînée tout au long de ma carrière principalement avec des hommes, et je ne pense pas qu’en soi, cela m’ait mieux préparée à la force de mes adversaires. Parfois, ça a été un désavantage – c’est facile d’aller au combat en s’attendant à ce que mon adversaire soit physiquement inférieure aux gars avec lesquels je m’entraîne. Sous la pression de la compétition, quand tout le monde est chargé en adrénaline, c’est rarement le cas.
En plus, un gars fort et costaud ne se donne jamais à fond en utilisant toute sa force, sa puissance et son explosivité lorsqu’il s’entraîne avec une femme, pas plus qu’il ne le ferait s’il s’entraînait avec quelqu’un de plus léger que lui. C’est logique dans un contexte d’entraînement – s’il agissait autrement, la personne plus légère retirerait peu de la séance d’entraînement, et risquerait des blessures. Mais quand personne n’est là pour vous pousser dans vos retranchements à l’entraînement, vous manquez d’une expérience vitale.
Il arrive un point où, si vous voulez atteindre le top, nous devons accepter que nous ne sommes pas uniques ou spéciales. Beaucoup de femmes, avec l’entraînement adéquat et suffisamment de dévouement, sont capables d’être fortes. La plupart d’entre nous peuvent être plus rudes que ce à quoi peuvent s’attendre les gars de notre club – ce qui ne fait pas de nous la meilleure du monde. Quand je suis parvenue à manier un poids mort de 100 kg, j’ai pensé que cela m’avait rendue forte. Il s’avère que la plupart des femmes raisonnablement athlétiques, avec quelques mois d’entraînement en force, peuvent le faire.
Donc, si je ne peux pas compter sur le fait d’être monstrueusement forte, compétente et passionnée, « pour une femme », qu’est-ce qu’il me reste ? Dans la même situation que tout un chacun qui fait la même chose, ou tout autre sport. Je suis en compétition avec beaucoup d’autres femmes qui sont aussi fortes, compétentes et passionnées. Je suis à la recherche de ces petites améliorations en performance, conditionnement et psychologie, qui me donneront un avantage en compétition. A ce niveau il n’y a pas de marge d’erreur – ça va être rude jusqu’au bout.
Certaines des sessions d’entraînement les plus rudes que j’ai eu ont été contre d’autres femmes. Quelqu’un qui fait ma taille et mon poids, qui me cherche vraiment et qui me botte le c** dès que je cligne des yeux une seconde. Avoir eu l’opportunité de m’entraîner avec de grandes combattantes de MMA comme avec de grandes athlètes de classe mondiale dans d’autres sports a immensément amélioré mon jeu.
Dans cette situation, il n’y a plus d’excuses. Plus de pensées du type « Oh bon, c’est un type plus gros et plus costaud » quand je suis coincée dans une mauvaise position ou que je loupe un takedown. Cela me met face à la réalité : il y a des choses que je dois améliorer et ces améliorations seront faciles à acquérir. Je commence à réaliser que même quand je m’entraîne avec des gars plus lourds, la plupart de mes difficultés sont intensifiées par la différence de force mais je peux en éviter la plupart par des améliorations techniques.
L’autre groupe qui me donne vraiment des cauchemars au club sont les adolescents. Je plaisante parfois en disant que je suis lasse de tout ces petits prodiges autour de moi, mais ils font vraiment de grands partenaires d’entraînement. S’ils n’ont pas une pleine force physique d’homme mature, ils compensent en vitesse, intrépidité et acharnement.
Je sais que j’ai besoin de tels partenaires d’entraînement pour continuellement me mettre en tête le niveau que je devrais viser. Au cours des dernières années, avec la publicité croissante, plus de combats, de shows et un plus grand nombre de talents, le niveau en MMA féminin a grimpé en flèche. Il est temps d’élever nos attentes. Peut-être ne sommes nous pas aussi spéciales que nous le pensions, mais avec la bonne attitude et l’entraînement, nous pouvons être meilleures que ce que nous avons l’habitude d’imaginer. »
Un article de Xavier M. pour Riddum.com
Source : le blog de Rosi Sexton